jeudi 20 mai 2010

Le crime paie

Au jour le jour...


Il y a un décalage dans notre société, la société du spectacle, et de plus en plus avec l'ampleur prise par les médias, qui est la meilleure et la pire des choses ... entre l'image que donnent d'eux mêmes certaines "icônes" et leur être réel. Parfois c'est une opposition complète. Et de plus c'est relativement connu. Cela devrait décevoir leurs "fans" ? Non, certains persistent à vénérer un mythe qu'ils savent opposée à la réalité. Ils veulent des icônes, des modèles. Et après tout, puisqu'il est là, celui-là fait l'affaire. Le jeune "beur" sympa-gentil à la faconde désopilante, qu'importe qu'il ait été un caïd redoutable dans sa cité, qu'il soit à présent une sorte d'affairiste âpre au gain tout à fait conforme à ce que le business requiert et qu'il démolit dans ses sketches, il reste et demeure l'image qu'il veut donner et qui est vendeuse. L'habit fait le moine... et le paradoxe ici est que pour plaire et gagner de l'argent, il soit plus efficace de se mettre en scène en "marginal" type beur-banlieue qu'en costard trois pièces alors qu'autrefois c'était l'inverse. 

La récupération est là, la marginalité se vend mieux que la "réussite" affichée et elle est elle-même réussite pour certains "happy few" qui servent de modèle. Et de modèle mensonger à deux titres, d'abord parce que la majorité des jeunes de banlieue souffrent pour de bon, et ensuite parce que ces "élus" eux-mêmes ne firent souvent pas vraiment partie du groupe qu'ils mettent en scène, ou du moins qu'ils se situaient parmi eux dans une hiérarchie "marginale" élevée, des caïds par exemple, c'est à dire souvent déjà des affairistes en blouson plus durs encore que les banquiers de wall street. La romance est fausse : le milieu "marginal" des beurs est dur et en tout point semblable au milieu du business, avec les mêmes règles, plus intransigeantes encore parfois.

Que, devenu une "icône", un jeune se comporte comme un businessman est dans la suite parfaitement logique. Mais que ceux qui le savent, ses fans, continuent à applaudir est navrant.

C'est le principe des sectes: ainsi celui qui, ingénieur son, s'était rendu compte que les "apparitions" du gourou étaient des trucages techniques tout à fait explicables et qui cependant demeura dans la secte sans avertir ses condisciples du leurre, en continuant un temps à y "croire" ou à faire comme si ! La réalité déçoit, l'illusion rassure.

Donc si le public naïf peut se laisser abuser, la comédie est évidente pour ceux qui sont derruère les coulisses,  et, eux, ne distordent pas leur image, pour les "vrais" beurs par exemple. Que certains soient cependant parmi les plus fervents supporters de l'"icône" dévoyée s'explique parce qu'elle les valorise malgré tout, met un baume sur leurs plaies, donnent d'eux à l'extérieur une image fleurette qui ne leur déplaît pas. Comme dans une famille où tous savent que la douce mère vénérée à l'extérieur est en réalité une impitoyable despote qui maltraite ses bonnes. Personne n'ose le dire et à l'extérieur l'image demeure, confortée par ses enfants-supporters, même parfois s'ils sont ses victimes, bien qu'au fond tout le monde le sache. Elle les valorise eux aussi et la dénoncer serait mauvais pour tout le groupe. L'illusion est plus belle, plus porteuse, plus vendeuse que le réel, là aussi.

Mais certains jeunes qui triment, sont au chom'du etc... sont frustrés, révoltés, écœurés de voir que celui qui est porté au nues, à la une des papiers, à la télé.. est quoiqu'il en dise peu représentatif d'eux-mêmes voire représentatif de ce qu'il y a de pire dans leur milieu. Il est en réalité l'opposé de l'image qu'il donne c'est à dire qu'on lui demande de donner, c'est normal. Ces jeunes conscients et révoltés  peuvent dériver -le mot est mal choisi- c'est à dire faire de même puisque décidément le mensonge, la distorsion paient si bien. Mais qu'ils sachent ici que certains dans le public général ne sont pas dupes de cette mise en scène de ces pseudo icônes et que ça ne vaut pas de perdre son âme, le net, les livres, la culture sont là parfois comme contre poids!

Tiens, je vais en faire un sketch ! Le petit "beur" marginal banlieue qui attaque en justice à coup de procédures coûteuses et retorses son "attachée de presse" parce qu'elle aurait dépassé le pourcentage des royalties dues ou parce qu'elle l'a fait représenter en représailles en costard négociant un contrat d'assurance, ce qui l'a fait baisser dans ses sondages de popularité, ça pourrait être le thème... vendeur ! On peut tout retourner en fait! Qui veut d'y coller et faire un tabac ?

A ce sujet, un détail rigolo, enfin on peut le voir comme ça, ayant écrit un texte marrant sur mes mésaventures avec le service après vente de free, je découvris au même moment sur le net un acteur, une sorte de "star" ou plutôt de starlette (?) que je ne citerai pas, disons anarchiste dur pour faire vite, aux sketchs désopilants, anti religieux notamment. M'étant bien amusée, je le lui envoyai aussitôt. J'eus le lendemain un appel de son "attachée de presse", stupeur et joie, si vite ! qui me dit entre deux rires qu'elle et la star s'étaient bidonnées en me lisant et que ça les intéressait. Combien ? me demanda-elle tout de go. Je lui répondis que je ne voulais rien, c'était une sorte de cadeau que je faisais comme auteur au talent d'un acteur. Embarras de la dame. Je n'avais pas pigé, en fait, elle me demandait combien je pouvais mettre MOI pour que la star utilisât mon travail. Le cadeau que je voulais faire, elle me demandait de le payer. Une précision, je suis par certains cotés comme auteur plus connue que C.A. non ce n'est pas le crédit agricole ce sont les initiales de l'acteur. Voilà. Le texte a été pris par un autre, pas anar lui, et qui ne m'a rien demandé. Paradoxe donc, l'image que l'on donne n'est pas la réalité. Décevant ? oui. Mais il faut le savoir.  http://larrive.blogspot.com




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